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derrière les vieux murs en ruines

quement tressée, sur la gauche, au sommet du crâne. Saïd est donc Aïssaoui ?

— En vérité ! répond-il avec orgueil, et il se met à danser en scandant rituellement le nom d’Allah.

Kaddour, et les petites filles très satisfaites contemplent Saïd. Il a l’air d’un « fils de hakem » dans ses beaux vêtements. On l’enverra étudier à la mosquée, pour qu’il nous fasse honneur.

— Je veux bien devenir un lettré, consent le bambin.


5 octobre.

Le long de l’Oued Bou Fekrane, la rivière aux tortues, nous cheminons avec Saïd et Kaddour. L’un se réjouit de trouver des grenades et des raisins dans le verger où nous le conduisons ; l’autre, de suspendre aux branches la cage qu’habite un nouveau canari.

Au début de notre promenade, Saïd gambadait devant nous comme un cabri. Mais, fatigué sans doute, il devient grave, presque boudeur. Il se fait traîner par Kaddour, puis s’arrête soudain, obstiné, refusant d’aller plus loin.

— J’ai peur, dit-il.

— De quoi donc as-tu peur ?

— J’ai peur des djinns…