Page:Lens - Derrière les vieux murs en ruines, roman marocain, 1922.djvu/272

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
267
derrière les vieux murs en ruines

dont la circoncision aurait lieu le lendemain. — Si Larbi ayant sans doute estimé que les frais et l’embarras des noces serviraient ainsi à double fin. Il n’avait point prévu qu’Allah en ajouterait une troisième, et même une quatrième, car un des jumeaux mourut pendant la nuit, et son cercueil fut emporté dès l’aube, — bien avant que n’arrivât le siroual[1] de la mariée.

Je suis revenue ce matin. Les joueurs de hautbois et de tumbal s’exercent déjà devant la porte, les joues démesurément gonflées ou les baguettes rageuses. La maison bourdonne comme une ruche. Si Larbi piétine en son vestibule, impatient de diriger toutes choses, mais ne pouvant, à cause des invitées, pénétrer dans sa demeure.

Les négresses se bousculent à travers le patio, elles installent les sofas, versent des bols de fumante harira, préparent les plateaux à thé, les coupes pleines de henné, de sel et de cumin qui serviront tout à l’heure.

Les petits héros de la fête sortent un à un dans la cour, superbement vêtus. Leurs caftans de drap aux vives couleurs traînent à terre, — car ils n’ont pas de ceinture aujourd’hui. — Ils sont recouverts d’une courte tunique ramagée d’argent : des bandelettes blanches criblées de taches roses ceignent leurs fronts, et leurs burnous d’un vert aigre blessent les regards.

  1. Pantalon.