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derrière les vieux murs en ruines

Et le destin s’ensuivra…

Au bout d’un instant, la sorcière ouvrit la porte. Il n’y avait personne ; la lune éclairait un pan ruiné de muraille, et projetait sur le sol bossué l’ombre d’une treille…

— Puisque le sort t’est fâcheux, dit la vieille, j’interviendrai.

Elle disparut au bout de la chambre, derrière une boiserie, et en rapporta un plateau gravé de signes bizarres, au milieu duquel fumait un canoun plein de braises. Tout autour, bien rangées en cercle, sept petites coupes contenant des poudres, des grains et des pâtes.

La vieille déplia un haïk écarlate dont elle s’enveloppa tout entière. Elle s’accroupit, attira le plateau magique sous ses voiles, et elle ne fut plus qu’une masse flamboyante, à travers laquelle s’échappait quelque fumée…

— Immobiles et silencieux, nous attendons… Les cierges crépitent, l’air s’alourdit de benjoin, une souris apparaît et file…

Est-ce un djinn ?

Tout à coup, des sons rauques, insensés et caverneux semblent gonfler la draperie rouge.

Lutte, halètements, protestations… auxquels, de temps à autre, se mêle une faible plainte…

Puis une voix s’élève, qui n’est pas celle de la sorcière, ni d’un être humain, une voix qui vient des profondeurs mystérieuses :