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derrière les vieux murs en ruines

Nous n’avons pas « rétréci » ! Kaddour en conçoit un juste orgueil.

Au sortir des remparts, le soleil, le bled déployé, la route fauve déjà poussiéreuse, éblouissent et accablent… Mais nous n’allons pas loin, seulement à la Guebbassia, qui appartint à un vizir, et s’incline dans la vallée. Le chemin descend entre les grands roseaux bruissants, émus par la moindre brise, et nous entrons dans l’arsa toute neuve, toute fraîche, toute pimpante, dont les jeunes feuillées ne font point d’ombre.

Elle tient à la fois du verger, du paradis terrestre et de la forêt vierge, avec ses arbres fruitiers roses et blancs, ses herbages épais, ses ruisselets, ses oliviers, ses rosiers grimpants épanouis au sommet des citronniers, ses vignes qui s’enlacent et retombent comme des lianes. Les sentiers disparaissent sous l’envahissement des plantes sauvages… La ville est très loin, inexistante. On ne voit que l’ondulation de la vallée, de vertes profondeurs mystérieuses, et parfois, entre les branches, la chaîne du Zerhoun toute bleue sur l’horizon.

Kaddour a choisi, pour notre installation, un bois de grenadiers au menu feuillage de corail. Il étend les tapis, les sofas, une multitude de coussins. Au-dessus de nous il suspend les cages et les oiseaux se mettent à vocaliser follement, éperdument, en un délire.

Un peu plus loin s’organise le campement de