Page:Lens - Derrière les vieux murs en ruines, roman marocain, 1922.djvu/334

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
329
derrière les vieux murs en ruines

exécutent ses ordres avec empressement. Elles ne traînent plus, négligentes, à travers la demeure, et se tiennent debout, adossées aux portes, humbles et prêtes à servir, ou vaquent dans les cuisines à leurs besognes coutumières.

Elles s’apparentent déjà, par leurs airs repus, aux vigoureuses esclaves du Chérif ; leurs faces camuses et sournoises se sont épanouies ; des foutas neuves ceignent leurs fortes croupes.

Marzaka elle-même a repris tout naturellement la place qui convient. Lella Oum Keltoum la traite avec mansuétude et l’entente semble les unir parfaitement, sans aucune rancœur des querelles passées.

Opulente et nette en son caftan de drap géranium que tempère une tfina de mousseline blanche, la grosse négresse a renoncé aux brocarts fripés qu’elle arborait jadis, hors de propos. Elle se tient, selon la bienséance, un peu à l’écart sur le sofa, tandis que Lella Oum Keltoum siège avec moi au milieu du divan, place honorable d’où l’on aperçoit le patio.

Toujours mielleuse, prompte à l’adulation, Marzaka traite sa fille avec une flatteuse déférence.

Bénédiction[1] ! ô Lella ! répond-elle à ses moindres propos.

Devant nous, le soleil étincelle aux marbres

  1. Formule très respectueuse d’assentiment, d’inférieur à supérieur.