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derrière les vieux murs en ruines

Ce n’est plus notre mokhazni, mais un Arabe dont je suis l’hôte.

Astucieux, il avait prévu ma visite et a su m’attirer dans son quartier. Zeineb porte un caftan neuf et une tfina fraîchement blanchie.

— C’est la fille d’un notaire, m’apprend Kaddour avec satisfaction ; du reste, moi-même je suis Chérif !

Qui n’est pas Chérif à Meknès ?

La jeune femme verse l’eau chaude sans omettre de me congratuler selon les règles. Elle a de beaux yeux, dont la nuance grise étonne, et un visage régulier. C’est une vraie citadine à la peau blanche, aux allures langoureuses ; mais des éclairs traversent parfois ses prunelles, sous l’ombre des cils palpitants…

Elle me présente sa sœur Mina, une grande fille timide et pâle, à l’air niais ; puis elle m’apporte de l’eau de rose et un mouchoir brodé qu’elle tient à m’offrir.

Une humble allégresse anime le petit patio : des canaris gazouillent en leurs cages, quelques plantes égayent des poteries grossières, et le soleil glisse de beaux rayons dorés jusqu’à la margelle d’un puits ouvrant son œil presque au ras du sol, dans un vétuste encadrement de mosaïques.