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derrière les vieux murs en ruines

Les vieux gardent une attitude obséquieuse, une tendance à s’aplatir devant le hakem.

Isthir et Haroun me semblent déjà plus près de nous que de leurs parents.


12 mars.

Deux paons se promènent dans un beau jardin.

Nonchalants et fiers, ils s’en vont à petits pas étudiés, comme ceux d’une belle. Et le bout de leur queue balaye le sol qui reluit, fraîchement lavé.

Des profonds parterres, les arbres et les fleurs jaillissent, pleins de sève. Jamais émondés, livrés à leur fantaisie et mêlés de plantes sauvages, ils croissent au hasard dans leur rigide encadrement de mosaïques. Par caprice ornemental, plutôt que pour séparer le jardin du reste de la cour, Si Ahmed Jebli le fit entourer de balustrades en bois tournés et peints, à travers lesquelles s’évadent quelques branches.

Une touffe de bananiers agonise en un enchevêtrement de palmes jaunes que le vent froisse ; un poirier, tendrement fleuri, abrite leur déclin de son triomphant renouveau ; des oranges éclairent la sombre masse de leurs arbres ; d’invisibles violettes exhalent leur odeur.