Page:Leo - Aline-Ali.djvu/131

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rendirent aussi les autres hôtes de la pension Martin, qui possédait un chalet à Tavaïannaz.

Pendant ces quelques jours d’excursions en commun dans les environs, sous la direction de Paul Villano, l’intimité amenée par le hasard de la rencontre et par la sympathie du premier coup d’œil, s’était largement développée entre les de Maurion et ceux qu’on désignait généralement sous le nom des trois Italiens. Le jeune Ali mettant de côté peu à peu sa timide réserve, se livrait dans leurs promenades à une gaieté qui, jointe à un certain esprit d’aventure, à une dose raisonnable d’audace et de sang-froid, et à d’assez vives ripostes à la française, avait tout à fait gagné le cœur de Léon, tandis que l’amitié spontanée de Paul Villano en était devenue plus sûre, plus affectueuse, plus charmée. Vis-à-vis de Bancello seulement, Ali gardait cette affabilité froide qui s’établit, une fois pour toutes, entre gens destinés à passer leur vie côte à côte, sans se pénétrer jamais.

M. de Maurion père, en revanche, goûtait fort la conversation de l’Italien, esprit fin, érudit, plein de connaissances pratiques, et passionné pour l’art. Des discussions approfondies sur le mérite respectif, ancien et moderne, des écoles italienne et française, avaient lieu chaque jour entre eux, et Donato, que sa mollesse d’ailleurs retenait volontiers près du vieillard, paraissait trouver beaucoup de charme dans la société de cet homme instruit et distingué, dont l’esprit indépendant, fin, sagace, un peu éclectique, prêtait aux conclusions d’une large expérience la séduction d’un beau langage et les grâces de l’originalité.