Page:Leo - Aline-Ali.djvu/145

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On y garde parfois les troupeaux un temps, quand le froid force à descendre d’Anzeindaz. Autrefois, il y avait trois chalets ; mais le troisième a été emporté par l’avalanche. Tenez, voyez-vous cette fente, là-haut ? C’est là qu’elle passe tous les printemps ; mais cette année-là il y en eut deux.

— Quelle douce et sérieuse retraite ! quelle paix ! dit Ali en contemplant les deux cabanes et l’étroit vallon.

— Et quels bruits, et quels bouleversements ! s’écria Paul en étendant la main vers la montagne, à la débâcle des neiges, au printemps ! Imaginez-vous, Ali, d’ici, de là-bas, de tous côtés, les tonnerres, les chutes, les ouragans, les gémissements des vents et leurs ravages, les torrents et les ruisseaux se précipitant, l’avalanche, et toutes ces voix répercutées par les échos réveillés des cavernes !… Quel théâtre pour les grands spectacles de la nature ! et comme ces deux loges me feraient envie, un jour de grande représentation !… Ali ! voulez-vous que nous revenions ici ensemble au printemps prochain ?

— Très-volontiers, répondit le jeune homme.

— Hum ! ça se peut, dit après un instant de réflexion le guide, qui les écoutait. Seulement, ça serait difficile pour y transporter les bagages, à cause de la neige. Il y en a joliment de pieds par ici, au mois de mars.

— Avec des mulets ?

— Oh dame, ça se pourrait, je vous dis ; mais ça vous coûterait cher.

— Vous vous en chargeriez ?

— Pourquoi pas ? Comme aussi de rester avec