Page:Leo - Aline-Ali.djvu/251

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au moins pour des oreilles ordinaires, en offense la pureté. Oh ! l’amour sans doute n’est autre que la source immense d’où s’épanchent toutes les affections diverses, et c’est au-dessus de tous ces courants, dans la source même, que nous nous aimons. Notre amour, mille fois plus grand que la passion, en a toutes les pures délices. Mon cœur bat sur le tien avec une indicible volupté. Pour respirer à l’aise, j’ai besoin de ton souffle dans mon air, et tu me fais croire en effet à des existences supérieures, où je m’élèverai sur tes ailes ! »

Appuyé sur le sein de son ami, les bras jetés autour de son cou, Ali montrait sous ses larmes un visage illuminé d’une joie étrange.

« Ami ! cher ami ! dit-il, tu révèles mon cœur avec le tien ! Seulement, c’est d’un désir plus vif que moi, je bénis cette mort ; car nous nous retrouverons ailleurs, sans secret, sans masque, purs, oublieux de toutes les fanges de ce monde et dégagés de souvenirs… »

Il redressa la tête, et d’un regard ardent et jaloux :

« Paolo ! cette femme !… Rosina… la regrettes-tu encore ?…

— Je n’y pensais pas, répondit-il simplement. Pourquoi jeter ce nom entre nous deux, à cette heure ?

— Qu’importe ? s’il n’est plus dans ton cœur.

— Non ! en ce peu de jours ton contact l’a chassé comme un mauvais rêve. Ce matin encore, y pensant, j’étais stupéfait de la guérison si prompte d’une blessure si cruelle, et m’en accusais presque de légèreté de cœur. Mais ce souvenir près de toi ne pouvait durer…