Page:Leo - Aline-Ali.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

étrange enfant ! Que se passe-t-il en toi ? Que veux-tu ? »

Honteux de sa faiblesse, Ali se jeta dans les bras de son ami.

« Paul, si tu aimes, et… tu aimeras sans doute… que ton amour ne soit pas secondaire, mais noble et digne de toi. Je le veux ! »

Cela fut dit au milieu de sanglots vainement contenus ; et longtemps encore, malgré des efforts intérieurs que Paul devinait, par cette pénétration intime qu’ils avaient l’un de l’autre, Ali resta douloureusement ébranlé. Paul était pensif.

La neige décroissait rapidement. Le torrent, qui avait repris son cours, charriait pêle-mêle, avec ses derniers glaçons, des sapins brisés, des terres éboulées, des blocs de neige. De toutes les pentes, de toutes les fissures, de tous les pores de la montagne, de toutes les aiguilles des sapins, torrent, filet ou goutte, l’eau coulait. Il devenait plus difficile de se préserver de l’humidité que du froid, et Favre plus que jamais soupirait pour son foyer.

Mais, dès que la première herbe eut paru, ce fut un enchantement. On vit la verdure courir de proche en proche et s’épandre comme une lave, mais riante, féconde et bénie. Chaque matin, à leur réveil, Paul et Ali, courant observer ses progrès, la trouvaient nouvellement tombée, comme une manne. Elle aussi, de ses mille petits pieds tenaces, grimpait à l’assaut de la montagne et couvrait chaque jour, conquérante paisible, des espaces nouveaux. Une atmosphère humide et chaude, qui faisait songer à celle des âges créateurs, enveloppait la montagne, et du sein de la terre, à chaque heure, sur-