Page:Leo - Aline-Ali.djvu/351

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« Les jeunes filles parlent toujours mal du mariage, observa aigrement miss Dream.

— Elles ont raison, dit Paul.

— Ah ?… vous trouvez ? demanda un peu malignement Metella.

— Certainement. Le mariage actuel est un joug aussi humiliant qu’injuste. Il est en contradiction flagrante avec le droit nouveau, avec les idées nouvelles, et, bien que la force même des choses en adoucisse la sauvage brutalité, cependant, nul être humain soucieux de sa dignité ne peut accepter ni prononcer sans honte le serment qu’il exige. »

Ces paroles causèrent quelque étonnement, et les grands yeux de Metella se fixèrent sur Mlle de Maurignan. Celle-ci paraissait émue. Avec un peu d’embarras elle dit :

« Le vrai contrat, le seul, est celui de deux consciences qui s’entendent. »

Et, comme on avait fini de dîner, elle se leva.

« Sans doute, reprit Paul ; mais un tel contrat ne doit pas s’abriter secrètement sous les formes de l’injustice. Ces hypocrisies sont coupables, car elles éternisent le mal chez les irréfléchis et les faibles, en lui donnant l’approbation apparente des forts. On ne combat l’erreur qu’en rompant avec elle. »

Il s’approcha d’une fenêtre ouverte qui donnait sur les jardins ; le soleil se couchait ; les nuages étaient splendides ; une brise qui récoltait ensemble les parfums des bois, des herbes séchées et des clématites, s’élevait, ravivant l’air, jusque-là si lourd.

La conversation continua quelque temps entre les dames, puis elles se rendirent au jardin, et Paul, de la fenêtre, vit Aline rêveuse s’isoler. Il la rejoi-