Page:Leo - Grazia.djvu/328

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la tête, car, se retournant vers le fond de la chambre, il dit en sarde :

— Ce sont les grassatori ! ne pousse pas un cri ! Mais va réveiller ton mari et Cabizudu. Qu’ils viennent tout de suite !

— Je vous suis dans votre chambre, me dit-il ensuite, un peu confus.

Tandis qu’il passait un pantalon et cherchait ses armes, je remontai et regardai de nouveau. L’ouvrage n’avait pas beaucoup avancé ; car la porte était solide. Mais j’avais commis l’imprudence de laisser ma fenêtre ouverte ; ils venaient de s’en apercevoir, et, groupés au bas se consultaient. Bientôt je les vis se faisant la courte-échelle. Je pris mon fusil ; le vicaire entrait.

— Tirons ! me dit-il vivement, quand il eut vu de quoi il s’agissait.

Ensemble, nous plaçant à la fenêtre, nous fîmes feu. Il y eut une dégringolade et des cris. Tandis que nous nous hâtions de fermer, les vitres volèrent en éclats et une balle, traversant le volet, tomba dans la chambre. Nous assujettîmes les barres de fer, puis don Gaetano m’emmena au grenier : il y avait là une sorte de meurtrière, pratiquée sous la toiture, d’où je pouvais tirer avec moins de danger ; m’ayant confié ce poste, il me quitta pour aller veiller à la disposition des deux autres corps d’armée : Cabizudu et le mari de la Nanina.

Le presbytère de X…, accolé à l’église, est sur une hauteur, isolée du village. Cependant, les coups de fusil avaient certainement été entendus, et je m’attendais à voir les maisons s’éclairer et la population mâle venir à notre secours. D’autre part, je pensais que les malfaiteurs, se voyant découverts, prendraient la fuite. — Il ne fut rien de tout cela ; le village ne bougea point et quant aux grassatori, ils semblèrent plutôt irrités de la résistance qui leur était faite et me parurent se préparer à un siége en règle, comme eussent pu faire des soldats chargés d’une expédition. Ils n’étaient pas moins d’une trentaine, et je ne vis pas que nos coups de