Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/187

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maintenait un décorum instinctif. Les femmes se tenaient plus droites, et les hommes parlaient moins haut. On ne folâtrait point.

De chaque côté de la fenêtre, sur des chaises, les dames étaient assises. Mme Bertin, venue, disait-elle, pour servir de mentor à ses filles, causait avec Mlle Boc ; Clarisse et Lucie, bien gantées, avaient mis leurs robes d’indienne rose et une fleur dans leurs cheveux ; Gène, qui, à cause de sa compagne, avait consenti à rester au bal, s’était placée près de Lucie ; venaient ensuite la Martine et Chérie Perronneau. Deux autres siéges attendaient Mmes Bourdon.

Sylvestre fit sensation. Il était habillé comme pour les bals de la préfecture, habit noir, gilet blanc, cravate bleu tendre, souliers vernis et gants blancs. Outre cela, il sentait la pommade, et portait un bouton de rose à sa boutonnière. On le trouva bien supérieur à Émile et à Gustave, qui, dédaigneusement, avaient gardé leurs paletots.

Vraiment, il semblait que le maire et sa femme voyaient leur fils pour la première fois, tant ils le regardaient, et sa sœur Chérie avait cent prétextes pour lui parler et se pendre à son bras.

Crin, crin, îc ! Le violon entamait la ritournelle. Gustave, Émile et Sylvestre se précipitèrent vers Chérie, Lucie et Clarisse ; et, se courbant en demi-cercle, articulèrent cérémonieusement la phrase d’usage. Cela parut de haut goût à tout le monde, et Mme Bertin, ravie, qui suivait son fils des yeux, se courba de même avec une grimace épanouie, comme si elle eût voulu inviter Mlle Boc. Mais les autres jeunes gens de l’assemblée n’y mirent pas tant de façon ; allant délibérément aux danseuses, ils les tiraient par le bras, en disant : Veux-tu venir, toi ? et les filles quelquefois se faisaient prier ; mais alors, en tirant plus fort, on les amenait en danse.

Quand Lucie prit place à côté de son cousin, elle aper-