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celles de la voie lactée (fleuve collecteur des eaux célestes), s’écoulent sans que jamais son contenu augmente ou diminue. Entre ce gouffre et la Chine, il y a (il y avait) cinq grandes îles, Tai-u, Yuan-kiao, Fang-hou, Ying tcheou, P’eng-lai[1]. — A leur base, ces îles mesurent chacune trente mille stades de tour. Leur sommet plan, a neuf mille stades de circonférence. Elles sont toutes à soixante-dix mille stades l’une de l’autre. Les édifices qui couvrent ces îles, sont tous en or et en jade ; les animaux y sont familiers ; la végétation y est merveilleuse ; les fleurs embaument ; les fruits mangés préservent de la vieillesse et de la mort. Les habitants de ces îles, sont tous des génies, des sages. Chaque jour ils se visitent, en volant à travers les airs. — Primitivement les îles n’étaient pas fixées au fond, mais flottaient sur la mer, s’élevant et s’abaissant avec la marée, vacillant au choc des pieds. Ennuyés de leur instabilité, les génies et les sages se plaignirent au Souverain. Craignant qu’elles n’allassent de fait un jour s’échouer contre les terres occidentales, le Souverain donna ordre au Génie de la mer du nord, de remédier à ce danger. Celui-ci chargea des tortues monstrueuses de soutenir les cinq îles sur leur dos, trois par île. Elles devaient être relayées tous les soixante mille ans. Alors les îles ne vacillèrent plus. Mais voici qu’un jour un des géants du pays de Loung-pai (au nord), arriva dans ces régions à travers les airs, et y jeta sa ligne. Il prit six des quinze tortues, les mit sur son dos, s’en retourna comme il était venu, et prépara leurs écailles pour la divination. Du coup les deux îles Tai-u et Yuan-kiao (soutenues par ces six tortues), s’abîmèrent dans l’océan, (et les îles des génies se trouvèrent réduites aux trois de la légende). Le Souverain fut très irrité de cette aventure. Il diminua l’étendue du pays de Loung-pai, et la stature gigantesque de ses habitants. Cependant, au temps de Fou-hi et de Chenn-noung, ceux-ci avaient encore plusieurs dizaines de toises de haut. — A quatre cent mille stades à l’est de la Chine, dans le pays de Ts’iao-Yao, les hommes ont un pied cinq pouces. — A l’angle nord-est de la terre, les Tcheng-jenn n’ont que neuf pouces. — Ceci soit dit des dimensions.

C. Parlons maintenant des durées. Au sud de la Chine, croit l’arbre Ming-ling, dont la période feuillue (printemps et été) est de cinq siècles, et la période nue (automne et hiver) aussi de cinq siècles, (l’année de mille ans, par conséquent). Dans l’antiquité, le grand arbre Tch’ounn, avait une année de seize mille ans. Sur les fumiers pousse un champignon, qui, éclos le matin, est mort le soir. En été, les éphémères naissent durant la pluie, et meurent dès que le soleil paraît. A l’extrême nord, dans les eaux noires du lac céleste, il y a un poisson large de plusieurs milliers de stades, et long en proportion, qu’on appelle le K’ounn ; et un oiseau nommé P’eng, dont les ailes déployées obscurcissent le ciel comme des nuages, ses autres dimensions étant proportionnées. Ces êtres nous sont connus par le grand U qui les vit, par Pai-i qui les dénomma, par I-kien qui les nomenclatura... Au bord des eaux naissent les tsiao-ming, si petits qu’ils peuvent percher en nombre sur les antennes d’un moustique, sans que celui-ci s’en aperçoive ; invisibles même pour les yeux de Li-tchou et de Tzeu-u, imperceptibles aux oreilles même de Tchai-u et de Cheu-k’oang. Mais Hoang-ti, après son jeûne de trois mois sur le mont K’oung-t’oung en compagnie de Joung-Tch’eng-tzeu,

  1. Le texte le plus ancien, sur les îles des génies, probablement.