Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/104

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Zola avait remporté des prix d’instruction religieuse, mais, à l’époque de l’Aérienne et de la fièvre poétique, il n’avait de religion que pour rimer. C’était tout un dictionnaire commode où puiser, que le vocabulaire pieux, et un magasin de décors tout faits, propres à placer partout, que le paradis, les anges et les démons. On a dit que l’idée de Dieu avait été fort utile aux tyrans. Elle n’a pas été sans rendre des services aux faiseurs de vers. Avec les étoiles et le ciel bleu, les accessoires du culte et le langage de la foi, on a un fonds poétique courant, d’emploi facile. Hugo, malgré l’opulence de son lexique, si quelque décret sectaire l’eût privé du droit d’employer le mot Dieu, se serait trouvé réduit à l’indigence lyrique. C’est donc surtout par enthousiasme d’emprunt, par une sorte de langage convenu, auquel les poètes, dans certains cas, s’empressent de recourir, que l’auteur de Paolo, dans un accès de littérature religieuse renouvelé du Musset de l’Espoir en Dieu, s’écriait :

… Oh ! Seigneur ! Dieu puissant, créateur des mondes
Qu’enflamma ton haleine, éclatantes lueurs ;
Toi qui, d’un simple geste, animes et fécondes
Nos ténébreux néants, nos poussières immondes,
Qui tiras du limon de saints adorateurs !

Toi, le sublime artiste, amant de l’harmonie
Créant des univers, qui les créas parfaits,
Qui, depuis la forêt à la gerbe fleurie,
Depuis le noir torrent à la goutte de pluie,
Dans un ordre divin répandis tes bienfaits !

Toi, le Seigneur d’amour, de vie et d’espérance…
Oui, je bénis ta droite, à genoux je t’adore.
Je me prosterne au sein de ta création.
Mon âme est immortelle, un dieu la fît éclore :
Le feu qui me dévore
Ne saurait s’échapper d’un infâme limon !

Cet amour qui me brûle est la flamme divine