Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/137

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Vallès, Aurélien Scholl, Paul d’Ivoi, Colombine, etc. Les Coulisses et les Échos étaient signés de Jules Claretie et d’Albert Wolff. Les théâtres avaient pour critique, un peu terne, mais consciencieux et impartial, B. Jouvin, gendre du patron. Gustave Bourdin, publiciste estimable dont le principal talent avait été d’épouser l’autre fille de Villemessant, chargé de la critique des livres au Figaro, devait la prendre également à l’Évènement. Il hésita devant ce surcroît de travail, sans compensation pécuniaire, ni avantageuse. Il songea alors à un commis d’éditeur qui, à plusieurs reprises, lui avait envoyé les « bonnes feuilles » des ouvrages que la maison Hachette mettait en vente. Ceci permettait d’en rendre compte au lendemain même de leur apparition. Juste au moment où Bourdin se demandait comment il assurerait ce service des livres dans l’Évènement, il reçut une lettre signée du complaisant commis. Celui-ci s’offrait pour appliquer aux livres nouveaux la méthode employée au Figaro pour les pièces de théâtre. On publierait des extraits et des analyses de l’ouvrage à paraître, avec des détails sur l’auteur, des anecdotes, des indiscrétions. Tout cela, avant que le public eût en main le premier exemplaire paru. C’était déjà la critique anticipée, la divulgation de la première heure, qui devait, par la suite, devenir la règle. Alors c’était tout à fait exceptionnel. Le Figaro donnait le ton et l’exemple de l’actualité, non pas du jour, mais de la veille. Il devançait ainsi la publicité de son époque. Bourdin parla à son beau-père de la proposition, et recommanda son auteur. Villemessant, enchanté, fit venir Zola, et, avec sa rondeur et sa finesse de marchand forain entamant et terminant un marché sur le pouce, il lui offrit de le prendre à l’essai pendant un