Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/209

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autant, aujourd’hui. Il me semble que j’ai été jusqu’au bout du plaisir que ce travail pouvait me procurer. Aussi, ma série terminée, si j’ai encore assez de jeunesse et d’énergie, je me mettrai au théâtre, qui m’attire beaucoup. Je crois qu’il y a là une foule d’expériences curieuses à tenter, des milieux inexplorés à mettre à la scène, une conception plus large de la vie à développer que celle que l’on trouve chez nos auteurs contemporains, d’autres passions à étudier que l’éternel adultère. Zola avait raison. Le théâtre moderne aurait tout à gagner à sortir un peu des alcôves, et à intéresser la foule à autre chose qu’à la banale aventure sexuelle. Or, l’auteur de Thérèse Raquin, dont le point de départ était, d’ailleurs, un adultère, mais fortement rehaussé par le crime, et surtout par le châtiment de la conscience, l’œil de Caïn, n’eut ni le temps, ni l’occasion, ni sans doute aussi la force, de tenter cette rénovation. Nous attendons encore le Messie dramatique qui viendra bouleverser magnifiquement la scène, et changer en câbles neufs les ficelles usées, rajeunissant les vieilles conventions et les situations caduques. S’il n’a pu faire seul une bonne pièce, plaisant à la foule et intéressant les lettrés, ce qui est le double event à tenter, Zola a, du moins, formulé de curieuses et souvent justes théories sur le théâtre. Le Naturalisme au théâtre et Nos Auteurs dramatiques sont deux volumes, composés principalement d’articles de critique parus dans le Bien Public, et le Voltaire, arrangés, corrigés, recousus bout à bout, qui contiennent, à côté de vantardises et de prophéties, par trop mirobolantes, sur le théâtre naturaliste et son avenir, des jugements justes et des opinions fort sages. En ce qui concerne son collaborateur Busnach, mort