Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/264

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Louvet, renverser la base même du roman moderne : la réalité. L’humanité marche et se modifie. Le roman la suit, pas à pas. L’écrivain qui naît, à chaque étape reprend l’histoire de l’étape, où firent halte avant lui ceux de la génération précédente. Le roman, conçu selon les principes que Zola a non seulement exposés, mais dont il a, par l’exécution, démontré la force et la vérité, devient ainsi comme le journal de l’humanité. C’est ce qui fait que si le Naturalisme, en tant qu’école, que cénacle, n’est plus qu’une expression littéraire, un vocable servant, comme celui de Romantisme, à désigner une époque et un certain nombre d’œuvres classées, la méthode, dont ce mot caractérisait les principes, survit. Elle ne peut mourir. Balzac, Stendhal, Flaubert, Zola n’auront plus, assurément, un public pressé et se hâtant de lire leurs œuvres pour être au courant, ou se mettre au niveau intellectuel du temps, mais leurs ouvrages, acquérant la solidité des classiques, s’imposeront longtemps, toujours, à l’admiration des hommes. Ils mériteront d’être étudiés, commentés, expliqués, étant devenus livres d’histoire, traités de philosophie sociale, et documents indispensables aux sciences morales et politiques, pour la connaissance du siècle qui les a produits.