Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/291

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

écrite simplement et chastement, constatation d’une particularité voluptueuse devinée : « C’était surtout dans la serre que Renée était l’homme » . En présence de cette bonne foi évidente de l’artiste, tout au plus peut-on lui reprocher de se laisser aller à un peu trop d’admiration complaisante pour sa vicieuse Renée. Il l’a faite bien séduisante, cette femme de plaisir, et il la déshabille hardiment dans la scène des tableaux vivants, non sans goûter la jouissance âcre de l’imprudent et trop peu égoïste Candaule découvrant les belles formes de sa reine endormie. Les procédés de composition de la Curée apparaissent plus simples et plus complets à la fois que ceux de la Fortune des Rougon. Ainsi le livre a pour bordure deux tableaux jumeaux, qui se répondent symétriquement et se renvoient la même pensée et la même impression. Tels deux miroirs conjugués. Le tableau d’ouverture, c’est le retour du bois de Boulogne par un soir d’octobre. Le mouvement des voitures, le scintillement des harnais, les armoiries peintes sur les panneaux, les livrées, les laquais raides, graves et patients, les chevaux soufflant, et le lac, au loin, endormi, sans écume, comme taillé sur les bords par la bêche des jardiniers, ce paysage si parisien est rendu avec la couleur et l’intensité de perception que nous avons déjà si souvent signalées et louées chez l’auteur des Rougon-Macquart. Le tableau d’épilogue, c’est le même bois de Boulogne, mais revu en pleine clarté, par une chaude après-midi de juin. C’est le même défilé de voitures, de laquais, figés dans leur gravité patiente, avec les mêmes scintillements de harnais, de ferrures, de chanfreins d’acier ; mais tout cela baigné par une lumière large, éblouissante, tombant d’aplomb. Le lac