C’était peut-être, c’est actuellement un rêve et une utopie. Mais l’utopie
était généreuse et le rêve était consolant. Les lectures de Zola n’avaient
eu, jusque-là, aucune direction politique ou sociologique, car il ne
parcourait guère, à part quelques ouvrages nouveaux d’amis, ou de
contemporains notoires et rivaux, que les livres où il pensait trouver des
documents pour ses romans en préparation. Elles devinrent alors autres.
Il voulut connaître la doctrine socialiste et les théoriciens de la
rénovation humaine, les apôtres de l’Évangile nouveau. Cette notion lui
manquait. Ainsi, dans l’Assommoir et dans Germinal, il n’est fait
aucune allusion aux théories humanitaires et phalanstériennes qu’il devait,
par la suite, avec son lyrisme et son éloquence colorée, développer si
copieusement et exalter superbement dans Fécondité, dans Vérité et
surtout dans Travail. Il lut Auguste Comte, du moins en partie, il
parcourut Proudhon, —lui et son entourage ignoraient le grand génie
socialiste du XIXe siècle, et, de plus, le jugeaient faussement, d’après
les racontars et les calembredaines des petits journaux, ainsi qu’il
m’apparut par la stupéfaction à moi témoignée par son fidèle Alexis,
lisant, durant un séjour que nous fîmes à Nice, en 1895, un travail sur
Proudhon que je venais de publier dans la Nouvelle Revue. On ne
connaissait alors, à Médan, le puissant maître de la Justice dans la
Révolution et dans l’Église que sous la forme légendaire et caricaturale
dont il était représenté dans les milieux ignorants et rétrogrades.
Charles Fourier surtout, l’auteur de la théorie des Quatre Mouvements
et le profond et consolant poète du Travail attrayant, acquit une grande
influence sur lui. Comme il était à prévoir, à son insu, par l’élaboration
fatale de son cerveau, ainsi qu’en un vase clos dans
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