Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/443

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La tentative homicide absurde d’un justicier, réclamiste ou toqué, lors de la cérémonie au Panthéon, l’a fait, un moment, reparaître devant l’opinion. Il est, depuis, retourné dans l’ombre qui lui plaît. Qui saura jamais ce que dissimule, peut-être, cette apathie et ce qui couve sous cette apparente quiétude ? Zola est mort brusquement à la suite d’un stupide accident de ventilation, sans avoir assisté au triomphe définitif de son client, au « couronnement de son œuvre », comme dit l’un de ses biographes, M. Paul Brulat. Celui-ci, dans son Histoire populaire d’Émile Zola, en manière de conclusion sur l’affaire Dreyfus, donne le jugement suivant que je lui emprunte, ayant été trop mêlé à la bataille, trop antagoniste de Zola, pendant la lutte, pour me prononcer en cette circonstance : Aujourd’hui que les passions se sont apaisées, dit M. Paul Brulat, il est permis de porter un jugement impartial et modéré sur cette affaire… Peut-être fûmes-nous injustes à l’égard les uns des autres. Dans le feu du combat, les passions s’exaspérèrent de part et d’autre. On se jeta à la face d’abominables outrages, et il sembla un moment que la vie sociale était suspendue en France. En réalité, chaque camp se battait pour un grand idéal. Sur le drapeau de l’un était écrit : Tradition et Patrie, sur le drapeau de l’autre : Justice et Vérité. Reconnaissons maintenant que de telles luttes, loin de diminuer un peuple, démontrent sa noblesse et sa vitalité. Zola, ayant fait défaut, le lundi 18 juillet 1898, jour fixé pour son second procès de Versailles, quitta le palais de justice de cette ville, dans un coupé qu’il avait loué. Il était accompagné de son défenseur, Me Labori. Il se rendit à Paris, chez son éditeur et ami, Georges Charpentier, avenue du Bois de Boulogne. Là il fut rejoint par M. Clemenceau, par Mme Zola et quelques amis.