Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/457

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tend de plus en plus à devenir une populace. Ces masses sont, tour à tour, entraînées vers la violence émeutière, et vers la soumission servile. L’excès de population est assurément un pire danger que la natalité restreinte. Il n’y a qu’au point de vue du recrutement des armées et des forces à amener sur les champs de bataille que la fécondité est une vertu civique, et peut présenter un avantage pour l’État. Si l’on admet que les guerres doivent se perpétuer entre peuples européens, évidemment la France est en danger, avec sa natalité stationnaire, bientôt décroissante. Mais cette probabilité de grands conflits entre nations civilisées, commerçantes, sourdement travaillées toutes par le socialisme pacifique, va en diminuant. D’ailleurs, en tenant compte de la nécessité d’être prêt, et armé suffisamment pour repousser une agression injuste, ou pour maintenir des droits légitimes, est-il absolument indispensable de disposer de masses considérables ? Dans le passé, les grandes victoires ont été remportées par de petites armées, mais bien commandées et bien organisées. Et puis, les moyens scientifiques nouveaux, les engins perfectionnés, les explosifs, les ballons dirigeables, les sous-marins, ne peuvent-ils diminuer les tentations belliqueuses des souverains ? La guerre, malgré tout survenant, le patriotisme debout, l’élan, le courage et le sacrifice pourraient compenser l’infériorité du nombre. Si toute la nation se levait, avec des troupes d’élite, de bons chefs, une discipline de fer, le peloton d’exécution pour tout général vaincu, pour tout officier convaincu de n’avoir pas fait tout son devoir, pour le soldat désobéissant ou lâchant pied, on suppléerait à l’insuffisance des effectifs. Il est curieux de trouver, dans le socialisme de Zola, un argument