Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 1.djvu/106

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et le général Vinoy. Ce fut ce dernier qu’on choisit, bien que, comme ayant participé au coup d’État, il fût suspect aux républicains.

Au conseil de guerre tenu ensuite, le général Vinoy et deux ou trois autres généraux furent convoqués, et on leur dit : « Messieurs, nous comptons sur vous pour une grande opération. Qu’est-ce que nous pouvons bien faire ? »

Le général Vinoy répondit : « Nous n’avons qu’une chose à faire c’est de continuer la défense des forts, et de tâcher de ne point les laisser prendre. Quant à faire des sorties, je n’en vois pas la possibilité. »

À la suite de cette réponse, dit le général Ducrot, il y eut une grande stupéfaction et un grand mécontentement, mais on ne se tint pas pour battu et le lendemain on convoqua des colonels, des chefs d’escadron, des officiers subalternes chez M. Jules Simon. On leur demanda si l’un d’entre eux avait examine les chances et les moyens de forcer les lignes ennemies, et l’on ajouta que si l’auteur d’un projet offrant véritablement des chances de succès se sentait assez résolu pour en tenter l’exécution ou lui donnerait aussitôt, quel que fût son grade, le commandement en chef.

Cette offre, d’esprit révolutionnaire, qu’inspiraient certainement les souvenirs des armées de l’an II, ne tenta personne. Les circonstances n’étaient pas les mêmes, les généraux non plus. La capitulation n’était plus qu’une question d’heures. Le gouvernement de la défense faisait faillite, et Vinoy succédait à Trochu uniquement pour faire fonctions de syndic.

Le bombardement continuait. Les églises et les hôpitaux situés sur la rive gauche furent particulièrement éprouvés. Un obus tomba au Collège de France, au pied de la chaire de M. Levasseur faisant son cours. Le Val-de-Grâce où il y avait pourtant des blessés allemands, reçut 75 obus, la Pitié 47, la Salpêtrière 31, l’Hospice Cochin,