Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 1.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

compté. Ces bataillons s’étaient trouvés apaises et comme désarmes, en apprenant le matin même la démission de Trochu. En se disant : Trochu n’est plus gouverneur de Paris ! les citoyens éprouvèrent en majorité une satisfaction vive. Ce fut, dans tout Paris, un soulagement, une détente. Il faut peu de chose pour apaiser les flots populaires et ramener le calme à la surface. On ne réfléchissait guère à la substitution jésuitique de Vinoy. Trochu cédait le commandement pour paraître rester fidèle à sa fameuse gasconnade : « Le gouverneur de Paris ne capitulera jamais. » Ce ne serait pas le gouverneur qui signerait l’acte de reddition, et cela suffisait à sa conscience. La foule ne voyait pas l’artifice. Elle considérait Trochu comme l’obstacle à son désir de se battre, de continuer la résistance. Trochu s’en allait. L’obstacle n’existait plus. On était débarrassé. Il semblait que la lutte allait reprendre plus vive, plus sérieuse, et qu’il ne s’agirait plus d’armistice et de négociations. L’Alliance Républicaine parut partager ces illusion. Elle admit que le replacement de Trochu était beaucoup d’intérêt à la manifestation, principalement dirigée contre lui. Elle avait décommandé le mouvement, et retenu dans leurs arrondissements les bataillons promis. Les événements de la nuit avaient également engagé l’Alliance a chercher la conciliation, à éditer une manifestation dont e le commençait à redouter le caractère révolutionnaire. De là son envoi de délégués, au lieu de bataillons en armes.

En apprenant que Flourens avait recouvré sa liberté, dit Arthur Arnould, l’inquiétude prit la bourgeoisie, pour qui ce nom était un épouvantail. Elle entrevit tout à coup une tendance socialiste derrière le mouvement qui se préparait, et auquel elle se fût mêlée peut-être en partie, s’il avait conservé un caractère exclusivement patriotique… Le nom de Flourens fit évanouir toutes ces belles dispositions, de telle sorte que, les uns chantant victoire parce que Trochu n’était plus là, et les autres rentrant chez eux,