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LIVRE V

L’ASSEMBLÉE DE BORDEAUX

LES ÉLECTIONS

La capitulation de Paris avait abattu tout le monde, mais n’avait surpris personne.

Pourquoi la reddition de cette ville populeuse, célèbre entre toutes, la première de France sans doute, mais non l’unique et dernier boulevard de la défense, entraînait-elle la capitulation de toute la Patrie ? Pourquoi si Paris, ce qui était exact, ne pouvait plus tenir, renonçait-on à se défendre, à l’abri de ces lignes presque inforçables de l’Auvergne, des Cévennes, de la Bretagne, de la Vendée ? Les envahisseurs ne pouvaient espérer occuper toute l’immense surface du pays. Les jeunes armées de plus en plus aguerries, des levées nouvelles, car la France était loin d’avoir épuisé son réservoir d’hommes, un surcroît d’énergie se produisant dans les départements, eussent prolongé la lutte jusqu’au printemps et usé la victoire prussienne. Un pays n’est conquérable, et vraiment vaincu, que lorsqu’il se lasse de la bataille et qu’il soupire après le repos. Cet abattement était malheureusement général, et la France semblait fatiguée à la suite d’un effort qu’elle n’avait fait qu’à demi. La