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LA PAIX, SEUL MANDAT DE L’ASSEMBLÉE

Les élections s’accomplirent paisiblement dans toute la France, sauf en Corse, où des rixes se produisirent avec accompagnement de coups de fusil, selon la coutume de cette terre du banditisme.

À Bordeaux, le conflit à propos du décret des inéligibles avait pris fin par la démission de Gambetta et la victoire de Jules Simon, représentant le gouvernement de Paris, c’est-à-dire la paix.

Gambetta, en frappant d’inéligibilité les anciens membres du corps législatif ayant voté la guerre et les ex-fonctionnaires de l’empire, avait sans doute agi révolutionnairement et pour ce qu’il estimait être le salut de la France et le bien de là République. Jules Simon avait été envoyé de Paris pour annuler le décret ; en réalité pour supprimer l’autorité de Gambetta, le dictateur, comme on le nommait, surtout coupable, aux yeux des pacificateurs à outrance, de personnifier la résistance, de représenter la France guerrière. La délégation de Paris l’emporta sur la délégation de Bordeaux, non pas parce que les gouvernants restés à Paris avaient plus d’autorité : les deux délégations se valaient, avaient la même origine, et celle de Paris pouvait être considérée comme déchue, ayant signé la capitulation, ayant ainsi dépassé ses pouvoirs, et ayant sans droit engagé la reddition de la France. Mais Bismarck était du côté de Jules Simon, et sa volonté l’emporta. Gambetta dut donner sa démission.

Le vote de la France fut significatif. Le décret de Gambetta, abrogé par Jules Simon et ses collègues, n’aurait eu qu’une utilité théorique. Les populations ne songèrent nullement à recueillir les épaves de l’empire. Sauf quelques