Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 1.djvu/348

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çaient, comme dans la Belle-Hélène, vers l’étourdissante foire de l’exposition ; ils ne sauraient davantage entraver par leur présence, dans leurs parcours, la ronde folâtre. Elle reprenait, plus endiablée, sous le bâton d’orchestre du joyeux allemand Offenbach, cette joyeuse ronde de l’or, de l’amour, des plaisirs et de l’insouciance, que devait seulement interrompre, bientôt, l’avant-garde des uhlans et le peuple entrant aux Tuileries, comme le flot dans les maisons quand la digue est rompue.

La condamnation à cent francs d’amende n’avait ni abattu les énergies ni épuisé les ressources des internationaux. Le groupe français continua ses réunions, et nomma un nouveau bureau.

Comme le précédent, celui-ci fut poursuivi et condamné. Cette fois, la magistrature eut la main plus lourde. Elle ajouta aux cent francs d’amende, l’emprisonnement. Les citoyens Varlin, Malon, Humbert, Granjon, Bourdon, Charbonneau, Combault, Langevin, Moilin furent condamnés chacun à trois mois. L’association internationale fut déclarée dissoute, pour la seconde fois.

La grande majorité du public demeura indifférente, et comme étrangère, à ce duel qui s’entamait entre la magistrature et les ouvriers militants. Les députés de l’opposition dédaignaient ces résistances qu’ils ne dirigeaient point, et les journaux qui combattaient l’empire, avec prudence et réserves, le Siècle, l’Opinion Nationale, le Courrier du Dimanche, se contentèrent d’enregistrer les condamnations, faisant le silence sur les doctrines et sur les personnalités de ces auxiliaires irréguliers, estimés plutôt compromettants.

Le champ de combat n’allait pas tarder à s’agrandir. De nouveaux lutteurs descendaient dans l’arène, et grâce à une presse nouvelle, spirituelle et agressive, à qui Roche-