Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 1.djvu/373

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jour précis où elle s’en est mêlée ; mais on n’en doit pas moins la regarder comme l’auxiliaire, et souvent comme l’exécuteur du désordre.

C’est sous ce rapport que la situation actuelle est grave. Il est incontestable, quoi qu’on en dise, que les esprits demandent à se calmer. Le temps, messieurs, est à mes yeux le plus grand auxiliaire des gouvernements modérés, des gouvernements sensés qui savent manier le pouvoir. Le temps calme les esprits. Mais l’Internationale est un agent continu, universel, et à ce double titre, infiniment redoutable, elle rayonne sur toute l’Europe entière.

Nous avons pris l’initiative de l’action en proposant la loi que vous connaissez. C’est moi qui ai imaginé de considérer le seul fait de l’affiliation à l’Internationale comme un délit. C’est, suivant moi, le moyen le plus certain de combattre l’Internationale sur son terrain. Car la prendre la main dans un délit bien précis, bien caractérisé, dans un délit de grève qu’elle fomente, qu’elle excite, qu’elle soudoie, c’est chose bien difficile.

Ce qui est moins difficile, ce qui peut souvent se rencontrer, c’est de saisir une partie de l’association, c’est de pouvoir constater quels sont ses membres, et alors de les punir très sévèrement. Si l’on se bornait à l’ancienne législation qui les punissait comme association non autorisée, de quelques jours de prison ou d’une amende, on ne ferait rien. Il faut considérer l’affiliation à l’Internationale comme un délit grave. Il faut considérer comme un délit nouveau, à ajouter à tous ceux que la législation criminelle a pour but de réprimer, cette participation à une société dont l’existence même est un délit, puisqu’elle a pour bat d’associer des malfaiteurs étrangers aux efforts des malfaiteurs français, puisque ses membres n’ont pas de patrie. Nous avons songé d’abord à leur ôter la qualité de Français, mais cette mesure nous a paru excessive, et nous nous sommes bornés à décider qu’ils seraient punis de la prison, et qu’à l’expiration de leur peine ils seraient placés sous la surveillance de la haute police pendant le reste de leur vie.

Je ne crois pas à ce que vous disiez tout à l’heure, que les esprits s’exaltent tous les jours davantage. Je le répète, je crois au contraire qu’ils tendent à se calmer. Je suis persuadé que, dans six mois, dans un an, s’il n’y a pas d’événements extraordinaires qui viennent tout bouleverser de nouveau, la société se