Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 1.djvu/473

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menceau, qu’il a eu connaissance, dès la matinée, par le capitaine Simon Mayer, de la présence du général Lecomte et de ses officiers au Château-Rouge. Il a même délivré le bon pour le repas de ces prisonniers. Pourquoi, dans le courant de la journée, ne s’est-il pas rendu au Château-Rouge, pour voir ce qui s’y passait ? Il s’est tenu, dit-il, à la mairie, surveillant les gendarmes et autres prisonniers faits sur la Butte, et qu’on lui avait amenés le matin. Mais il aurait pu envoyer un adjoint, ou des gardes nationaux avec un officier, pour s’informer, pour lui rendre compte, et pour veiller sur la sécurité de Lecomte et de ses compagnons. Il est vrai qu’il ne les croyait nullement en danger.

Durant tout le siège, on avait arrêté et gardé dans les postes des gens accusés de faire des signaux aux Prussiens, ou de tout autre fait donnant de l’inquiétude aux gardes nationaux, on les relâchait bientôt ; et rien de grave n’avait généralement suivi ces séquestrations populaires. Il pouvait supposer qu’il en serait de même en cette circonstance. Il avait confiance aussi dans le capitaine Simon Mayer, à qui il avait fortement recommandé de bien veiller sur les prisonniers. Dès que cet officier vint l’avertir que les prisonniers avaient été emmenés du Château-Rouge et conduits rue des Rosiers, le maire partit en hâte pour les secourir. Il arrive malheureusement trop tard. Sinon Mayer aurait peut-être dû pressentir plus tôt le danger, et se rendre à la mairie avant le départ des prisonniers pour la rue des Rosiers. Mais ni le capitaine, ni le maire ne pouvaient prévoir ce qui allait se passer.

Le reproche, ou plutôt l’observation, que peut susciter l’examen des faits, — et c’est une réflexion d’après coup, qui vient à l’esprit après la connaissance du massacre, — consiste dans ceci, que M. Clemenceau, quand Simon Mayer vint l’avertir, à neuf heures et demie du matin, de l’arres-