Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 1.djvu/476

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sidé par le colonel Aubert. Il y eut 24 accusés, dont deux femmes. Il fut impossible d’établir que ces accusés avaient été les auteurs du meurtre des généraux. On les condamna pour participation aux événements de la Butte. Le fait seul d’avoir été présent, d’avoir été témoin, suffisait à entraîner la condamnation. Ce fut de la justice distributive. Parmi les condamnés, il y eut Simon Mayer, qui n’avait pas assisté au meurtre, puisqu’il était parti chercher le maire de Montmartre, bien avant le premier coup de fusil, et qu’il revint l’accompagnant quand tout était consommé, et aussi Herpin-Lacroix, garibaldien, ancien franc-tireur qui s’était vaillamment comporté à Dijon et à Nuits. Revenu à Paris et nommé chef de bataillon, ce brave eut la malchance de se rendre, le 18 mars, de son propre mouvement, rue des Rosiers, où sa chemise rouge le signala facilement. Il fit ce qu’il put pour apaiser la foule, et s’il proposa la constitution d’une cour martiale, c’était pour gagner du temps, pour permettre une intervention où un apaisement. À côté de lui, s’assit au banc des accusés Poncin, un garde national qui avait eu la fâcheuse initiative, au milieu du désordre de la rue des Rosiers, d’exécuter un roulement de tambour pour permettre à Herpin-Lacroix de haranguer. On condamna aussi Kadanski, garibaldien et vieux combattant Polonais. Celui-ci s’était démené pour préserver les prisonniers contre les mauvais traitements de la foule, durant le transfèrement du Château-Rouge à la rue des Rosiers. Il avait été injurié et malmené de ce chef. Un autre condamné, Arthur Chevalier, dont on a lu le récit plus haut, n’avait eu qu’un rôle de spectateur ; d’autres accusés, Ribemont, les lieutenants Meyer et Piger, avaient tout tenté pour défendre et sauver les officiers. Ces efforts révélaient leur présence, signalaient leur autorité au moins nominale, et ils furent frappés inexorablement. Enfin, on ne put nulle-