Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 1.djvu/495

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tez des propositions ? On ne discute pas, on ne parlemente pas avec des assassins ! » On essaya de le calmer. On lui parla des élections municipales, comme d’un moyen Propre à amener une détente générale. Il ne voulut rien entendre. « Il n’est plus possible de faire des concessions », disait-il. Il s’entêtait à répéter qu’un gouvernement ne pouvait s’abaisser à traiter avec des assassins, et qu’il se refusait à transmettre des propositions pouvant amener une transaction avec eux. Il ajouta, avec une fierté qui voulait être impérieuse, plutôt que persuasive, et qui n’était que de la forfanterie, étant donnée la situation qu’il méconnaissait, ou dont il feignait de ne pas apprécier toute la gravité : « Nous lutterons, messieurs, nous ne traiterons pas ! Pas de concessions ! la force ! Demain nous ferons appel à la garde nationale qui est dévouée à la cause de l’ordre, nous nous mettrons à sa tête, nous essaierons de maîtriser cette insurrection et de rendre à Paris la sécurité et la paix ! »

M. Tirard essaya de faire comprendre à l’irascible autoritaire qu’il n’était plus temps de résister, que les griefs de Paris contre l’Assemblée Nationale, les craintes des républicains de voir une restauration monarchique se préparer à Versailles avaient engendré une désaffection générale, et que cette force qu’il invoquait pour maîtriser une insurrection grandissante et déjà formidable, il ne l’avait pas. Il ne fallait guère compter sur la garde nationale ; quant aux troupes, elles avaient été retirées, et Paris, sans gouvernement, sans armée, sans autorités reconnues, était livré à lui-même, allait tomber tout entier au pouvoir de l’insurrection.

— C’est impossible ! répondit Jules Favre, toujours hautain, affectant de se montrer encore imperturbable.

Il était plus de huit heures du soir. Ainsi, le ministre des Affaires Étrangères, le personnage le plus important