Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 1.djvu/504

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portée, mais devant le danger brutal, immédiat, il perdait la tête. On le vit, durant les journées de 1830, qu’il avait préparées, après avoir rédigé un appel aux armes, se mettre promptement en sûreté, dans la banlieue de Paris. Il ne quitta sa retraite que la bataille finie et la victoire acquise. En 1848, il avait favorisé la campagne des banquets, d’où sortit la révolution, et au premier grondement de l’émeute, il décampa, déguisé. Pendant l’insurrection de juin, il demeura caché dans un placard au fond du logement d’un des secrétaires de la Chambre.

Le Dix-Huit mars, pendant la délibération au ministère des Affaires Étrangères, dans la cour, attendait une voiture toute attelée ; auprès, une escorte de cavalerie était prête à prendre le trot, au premier signal.

Le général Le Flô, devant la Commission d’Enquête, a revendiqué la responsabilité de l’évacuation. Ce fut pourtant M. Thiers seul qui eu eut l’idée, la volonté. Il est vrai qu’à l’époque où Le Flô déposait il n’y avait plus aucun danger à faire cette déclaration, il y avait même occasion de tirer vanité de la décision, puisque les événements avaient justifié l’abandon de Paris. Dans l’après-midi du 18 mars, le général Le Flô était, comme son chef, peu rassuré. Il avait hâte de mettre quelques kilomètres entre sa précieuse personne et les fusils des insurgés. Il pressait M. Thiers de déguerpir, parce qu’il pensait le suivre ; ce qu’il fit d’ailleurs avec empressement. L’odeur de la poudre troublait ce guerrier vieilli, qui montrait surtout du goût pour celle d’escampette, et puis le printemps en fleurs partout s’épanouissait, et il estimait que le moment était venu d’aller à la campagne. Il a raconté, en ces termes, l’alerte, rappelant les méprises de comédie, qui précipita le départ.

Je dus consentir à accompagner M. Thiers, a dit le général Le