Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/15

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tenir qu’a la condition de disperser l’Assemblée nationale, comme en 1830, en 1848, en 1851, au 4 septembre 1870, avaient été dispersées et remplacées les assemblées de monarchie, de la république et de l’empire.

Le Comité Central n’a pas compris qu’un peuple d’insurgés n’a de force et de persévérance que pour un temps très court, trois à quatre jours, de victoire ou de défaite, et que le mouvement arrêté, ses partisans seraient écrases maigre la vaillance de beaucoup, quand il faudrait soutenir un siège, et livrer, pendant six semaines, des combats quotidiens, où la discipline, l’entraînement et l’insouciance des soldats professionnels seraient les grands éléments de succès.

L’échec fatal et certain de la Commune, s’efforçant de soutenir une guerre régulière, était contenu dans l’inertie et dans l’infatuation de légalité dont se rendit coupable le Comité Central. Il s’imagina que M. Thiers, l’Assemblée, la réaction tout entière, consentiraient, sans avoir été mitraillés, terrorisés, à accepter de bonne foi une transaction et à reconnaître la Commune de Paris. Il ne comprit point qu’il n’y avait pas d’union possible entre l’Assemblée et la Commune. L’une devait vaincre et anéantir l’autre.

Avec la possession du Mont-Valérien, et les troupes de Versailles repoussées, mises en déroute avant d’avoir été réorganisées et groupées, peut-être aurait-on pu entraîner les républicains des départements et faire imposer, par les élus, par les comités de la province, une paix honorable et durable, comme il y en avait eu jadis aux temps des guerres de religion. Sans une victoire décisive, au lendemain du 18 mars, cette solution était chimérique, et la Commune, par la faute du Comité Central, sans parler