Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/251

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prison, singulière combinaison, pour homicide « par imprudence ». Il tenta encore une fois la chance électorale, en 1876, dans le 20e arrondissement et ne fut pas élu. Il disparut quelque temps après, déclassé, dédaigné par tous les partis, sans espoir de revenir jamais à la surface, noyé dans ses turpitudes. Et puis, fin vengeresse pour celui qui, fournissant des armes empoisonnées à la réaction, avait accusé les fédérés d’être tous des ivrognes, il fut emporté dans une crise d’alcoolisme. Ce général, devenu chef d’insurgés, aurait pu terminer sa carrière d’une façon terrible et digne, en vaillant aventurier, que respecte et admire le peloton chargé de le fusiller. Il aurait pu avoir la mort de Rossel, il eut celle de Coupeau.

PROCLAMATION DE L’AMIRAL SAISSET

L’amiral Saisset avait accepté le commandement que lui offrait M. Thiers. Cette offre était faite pour continuer à amuser les Parisiens, et aussi pour inquiéter le Comité Central, en lui faisant craindre une résistance sérieuse à l’intérieur de la ville. M. Thiers pensait le détourner ainsi de Versailles. L’amiral se rendit donc à Paris et adressa à la garde nationale la proclamation suivante :

Investi du commandement en chef des gardes nationales de la Seine, et d’accord avec MM. les maires de Paris, élus par le suffrage universel, j’entre en fonctions à partir de ce jour.

Je n’ai d’autre titre à l’honneur de vous commander, mes chers concitoyens, que celui de m’être associé à votre héroïque résistance en défendant de mon mieux contre l’ennemi, jusqu’à la dernière heure, les positions et les forts placés sous mon commandement. M’appuyant sur les chefs de nos municipalités, j’espère arriver, par la persuasion et de sages avis, à opérer la conciliation de tous sur le terrain de la République ; mais je suis fermement résolu à donner ma vie, s’il le faut, pour la défense