Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/369

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geance, mais telle était la consigne, et les deux délégués n’avaient qu’à l’exécuter.

Cette séance de nuit avait eu lieu à la suite de l’apposition dans Paris de l’affiche signée de l’amiral Saisset. On avait tout lieu de croire le placard authentique et les déclarations de l’amiral sincères.

Les propositions que l’affiche énonçait étaient avantageuses. L’amiral cédait. Pourquoi eût-on repoussé les avantages et douté de la capitulation ? Saisset devenait pacifique par raison, reconnaissant l’impossibilité de la lutte. Le Comité était flatté, fort disposé à prendre pour exacte et valable une transaction qui lui donnait raison. On ne se ralliait pas à l’amiral, c’était l’amiral qui se ralliait au Comité, puisqu’il acceptait le programme formulé le soir même de l’insurrection, lors des premiers pourparlers, lorsqu’il avait été question de la nomination de Langlois comme général. Mais la date des élections, retardée deux fuis par la force des choses, ne pouvait plus être reculée. Dans l’esprit des membres du Comité, on devait adopter les formes de l’affiche Saisset, mais maintenir la date du 26. Leurs raisons étaient bonnes où mauvaises, mais ces raisons étaient connues, elles avaient été à plusieurs reprises exprimées et elles devenaient la base même de toute entente. L’amiral Saisset, dans son affiche, que tout le monde considérait comme l’acceptation du gouvernement, avait passé sous silence la date en litige. Le Comité voulut l’obliger à se prononcer, et ce fut l’objet de la séance de nuit. Assi, après avoir donné lecture de l’affiche de l’amiral, exposa en ces termes la situation :

Citoyens, dans la situation actuelle, la guerre civile peut être un crime civique : elle est cependant une nécessité que nous pouvons dire fatale, inévitable. Voici les conditions que nous offre le gouvernement, ces conditions que formule l’affiche que je viens