Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/435

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fréquemment. Il maintenait alors avec âpreté ses opinions, ses préjugés et ses erreurs aussi, car il en était pourvu, comme tout homme. Surtout en matière littéraire, il énonçait parfois de choquantes hérésies, mais sans se départir d’une correction voulue. Evitant de s’enflammer, il conservait son calme et son diapason, au milieu des vociférations de la clientèle exubérante de ce café, lieu de réunion de la jeunesse républicaine, des journalistes, des militants de la Commune, comme il savait garder son sang-froid au milieu des charges de cavalerie sur le boulevard Montmartre, des blouses blanches cherchant à provoquer une bagarre, et des invasions policières balayant la terrasse du Madrid, durant les dernières années de l’empire.

À l’Hôtel-de-Ville, Delescluze, par ses services passés, par son caractère, par Sa fermeté et la dignité de son attitude, eut une grande autorité et remplit, jusqu’à la fin, le premier rôle.

Nous ex poserons ses actes au fur et à mesure des événements. Il était retenu au lit par la maladie au moment où se produisirent les débats sur l’institution du Comité de salut public, et la scission qui en fut la conséquence. Jules Clère, dans sa biographie des Hommes de la Commune, écrite pendant que la Commune siégeait encore, a dit de lui :

Delescluze revint reprendre sa place à l’assemblée, quand on avait pu déjà avoir les preuves de l’incapacité violente des membres de ce Comité de salut public. Ce fut Delescluze qui, quoique encore souffrant, porta au Comité le coup de grâce, dans un discours prononcé d’une voix presque éteinte et souvent interrompu par les attaques des membres d’une certaine partie de l’assemblée.

« Il faut que nous sauvions le pays, dit Delescluze, le Comité de salut public n’a pas répondu à ce qu’on attendait de lui. Il a été un obstacle au lieu d’être un stimulant, je dis qu’il doit dis-