Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vues fallacieuses. La stratégie purement diplomatique de cet homme d’état exceptionnel fut plus remarquable encore dans le cabinet, d’où il expédiait ses dépêches fausses et où il recevait, d’un air surpris, les délégués anxieux, que celle dont il était si fier lorsqu’il inspectait, sur les hauteurs de Sèvres, la batterie de 120 pièces de siège, à l’aide desquelles il se préparait à foudroyer les forts, la Porte-Maillot et à ouvrir la brèche du Point-du-Jour, porte future de l’entrée sournoise.

LA DÉLÉGATION LYONNAISE

À la date du 10 avril, alors que tout était rentré dans le calme à Lyon, les républicains avancés que le conseil municipal comptait estimèrent qu’ils ne pouvaient demeurer plus longtemps indifférents aux graves événements qui se produisaient. Ne devait-on pas intervenir entre Paris et Versailles ? La guerre civile avait éclaté depuis une semaine. Le canon tonnait jour et nuit sur le sol français. On ne pouvait se boucher les oreilles plus longtemps, et une grande cité comme Lyon avait le devoir de tenter au moins une démarche conciliante. L’un des membres du conseil, M. Vallier, attira l’attention de ses collègues sur le péril que faisait courir à la République la guerre entre Versailles et la Commune, et il proposa de nommer une délégation qui serait chargée officiellement par le conseil municipal de Lyon de se rendre à Versailles et à Paris, afin d’essayer d’amener les belligérants à une conciliation désirée par tous les hommes ayant à cœur le salut de la France et de la République. Illusion généreuse, mais intervention anodine. D’avance ses promoteurs auraient pu en prévoir la vanité et s’épargner le voyage.

La proposition fut adoptée à l’unanimité. Il fut décidé