Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/116

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on parlerait de son courage, puisqu’il avait sommé les insurgés, et qu’après avoir été bousculé par des cavaliers inattentifs, il avait eu la chance de se transformer en brancardier. À l’hôpital, les balles ni les insurgés ne viendraient le trouver.

Le 38e de ligne et un bataillon de chasseurs furent dirigés sur le cours de Brosses. Deux pièces d’artillerie, avancées devant la mairie, la bombardèrent, puis la troupe fut lancée et l’occupa. Une dizaine d’insurgés furent tués, d’autres en assez grand nombre furent blessés de coups de baïonnettes. Le chiffre des victimes fut contesté, et ne put être officiellement établi. L’émeute fut ainsi étouffée, et le lendemain Ier mai, le docteur Crestin put reprendre possession de sa mairie. Le drapeau rouge arboré au balcon fut définitivement enlevé. La Commune à Lyon, dans sa seconde tentative, était vaincue, et son souvenir fut bien vite effacé. Le résultat le plus sérieux de l’émeute de la Guillotière fut le désarmement de la garde nationale lyonnaise, à la grande satisfaction de M. Thiers.

Le docteur Crestin a exprimé d’amères réflexions sur cette échauffourée de la Guillotière, à laquelle il fut mêlé un peu à son corps défendant :

Lyon, dit-il, épouvantait les monarchistes de Versailles. Son 4 septembre avait tout à coup donné la mesure de son audace républicaine. Cette journée avait même déjoué les calculs de spéculateurs politiques, sens opinion tranchée, mais aptes aux évolutions opportunes. L’Assemblée de Versailles avait enjoint à son chef du pouvoir exécutif sous l’inspiration des « burgraves et des bonnets à poil » de désarmer et de licencier la garde nationale de Lyon. Il fallait que ce désarmement et ce licenciement eussent lieu à bref délai. M. Thiers partageait l’opinion des burgraves sur la férocité des républicains de Lyon. Il se préoccupait beaucoup des suites que pourrait avoir un désarmement pur et simple ; il lui fallait donc à tout prix faire naître un pré-