Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/124

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-Garonne, j’ai jugé convenable, Monsieur le préfet, avant d’arriver officiellement à Toulouse, d’attendre que le Journal Officiel eût annoncé ma nomination. D’autant plus que votre déclaration loyale de soutenir le gouvernement de Versailles était pour moi un gage précieux de la tranquillité du département, assurée par son premier magistrat.

Votre parole engagée d’appuyer le gouvernement de Versailles, qui représente aujourd’hui les destinées du pays, m’est un garant que nous marcherons unis dans la pensée d’éviter à la ville de Toulouse les violences par lesquelles on a prétendu déshonorer Paris, et dont nous voulons tous deux sauvegarder la République et le département…

M. Armand Duportal ne se laissa pas convaincre par les formules courtoises de son remplaçant. Il déclina les invitations doucereuses à une collaboration, ou plutôt à un patronage qui pourrait empêcher Toulouse de se « déshonorer comme Paris », selon l’expression plutôt fâcheuse de l’ancien condottière mexicain. Le nom de Duportal et sa présence aux côtés de Kératry devaient inspirer à la garde nationale et à la population des sentiments de soumission aux volontés de Versailles. Mais M. Duportal, sans se prononcer encore franchement, répondit, par l’entremise du messager qui lui apportait la lettre de son successeur, soi-disant resté à Paris :

Monsieur le Comte, — Vous me demandez mon concours pour assurer l’ordre et la tranquillité dans notre ville, au moment où vous allez prendre possession de la préfecture de la Haute-Garonne, et vous invoquez, pour justifier cet appel, la déclaration de fidélité au gouvernement de Versailles que j’ai faite en présence des généraux de Nansouty, Lefebvre-Desnouettes et de plusieurs de nos concitoyens. Quelque honorable que soit pour moi cette ouverture, je regrette de ne pouvoir y répondre selon vos désirs. Les rapports de gouvernements à subordonnés sont basés sur une confiance réciproque. En retirant la sienne à un homme éprouvé comme moi, le gouvernement de Versailles m’a donné la mesure exacte de ce que je lui dois.