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des bataillons de l’ordre, un comparse sans initiative, sans pouvoirs aussi, l’amiral Saisset, marionnette dont il lirait le fil conservé dans sa main, selon ses calculs et pour les besoins du plan de la pièce à jouer, qu’il s’était bien gardé de lui faire connaître.

On verra, dans le présent volume, l’importance de M. Thiers se maintenir. Il est certain que l’Assemblée a sa participation dans les actes du chef du pouvoir exécutif, et il serait injuste de ne pas lui faire partager la responsabilité du refus opposé aux diverses propositions de conciliation, ainsi que le poids redoutable de la guerre civile.

Mais, entre toutes les époques où apparaît et s’accentue en pleine lumière l’influence d’un homme, les deux mois de la Commune surtout démontrent le pouvoir du Héros, du « représentative man », comme le dit Emerson des êtres caractéristiques et dominateurs.

M. Thiers a tout ordonné, tout inspiré. Aucun député, aucun général ne révèlent une influence, une initiative, même un conseil, dans les affaires versaillaises, durant la lutte contre Paris.

L’Assemblée nationale, pouvoir alors nominal, n’a eu d’autre volonté que celle de M. Thiers jusqu’au jour où, affranchie de la peur des communards, elle le brisa à son tour, comme un instrument qui a fini sa besogne et dont on n’attend plus de services. Ce qui prouve bien qu’en avril et en mai 1871 l’Assemblée n’était rien qu’un appareil à légalisation, et que M. Thiers était tout, c’est le vote de la loi municipale. M. Thiers, ce jour-là, affirma, contre le vœu, contre le vote des députés, sa dictature.

Non, le rôle attribué, dans cet ouvrage, à M. Thiers n’a