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Vive la République !

Le Club républicain de la Garde Nationale. Le Cercle républicain du Midi. Le Comité des Réunions populaires.

Mais, ce qui dénote la confusion qui existait dans les esprits et dans les actes, le Conseil municipal fit de son côté une proclamation où il déclarait que, « pour éviter de grands malheurs qui étaient imminents, il avait consenti à déléguer trois de ses membres pour faire partie de la Commission départementale » Et il ajoutait cette réserve inattendue : « Ce n’est pas lui qui a institué cette Commission, à laquelle il n’a pas non plus donné la mission, qui n’appartient qu’au Conseil, d’administrer la ville de Marseille. »

La déclaration se terminait par un appel aux gardes nationaux et à tous les bons citoyens, pour empêcher que l’ordre fût troublé. Ce langage était équivoque. Le Conseil municipal ne se prononçait point pour Paris ; il affectait de n’envisager que le maintien de l’ordre à Marseille, et il protestait indirectement contre la Commission départementale, qu’il avait cependant approuvée avec toute l’Alliance républicaine, en réclamant pour lui seul le droit d’administrer la ville. L’indécision et un certain malaise devaient s’emparer de toute la population. Versailles ne pouvait plus compter Marseille pour favorable, Paris non plus. Le Conseil municipal, qui revendiquait le droit d’administrer la ville, n’agissait pas, ne prenait aucune décision. Il ne pourvoyait même pas à l’abri, à la nourriture, et à la préparation des feuilles de route des soldats venus d’Afrique et des garibaldiens des Vosges, qu’il fallait rapatrier. Ces malheureux, sans logement, sans solde, erraient, désœuvrés et affamés, dans la ville indifférente à leur situation, sourde à leurs cris de détresse. Gaston Crémieux.