Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/170

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lorsque le gouvernement se taira, c’est qu’il n’aura aucun fait grave ou intéressant à leur faire connaître.

Thiers
Pour copie conforme :
Le vice-président du conseil de préfecture,
Préfet par délégation.
De Rouvrac.

Les nouvelles transmises par ce télégramme du gouvernement étaient dans leur ensemble exactes, réserve faite pour l’appréciation portant sur la Commune de Paris « en horreur aux Parisiens ». C’était là une affirmation mensongère, s’ajoutant à une fanfaronnade sur la prétendue impatience de la délivrance. L’élan de la sortie, malheureuse mais hardie, du 3 avril n’allait pas tarder à démentir cette allégation.

Aucun patriote ne peut, même aujourd’hui, sans un étonnement douloureux, indigné aussi, relire cette phrase extraordinaire, que M. Thiers, avec une cruauté qui n’avait d’égale que son inconscience, a laissé tomber de sa plume belliqueuse en désignant les forces de la guerre civile qu’il venait de rassembler, avec la permission, avec la complicité des Allemands :

« À Versailles, achève de s’organiser une des plus belles armées que la France ait possédées. »

Se vanter de posséder une belle armée, deux mois après la capitulation, et pendant la rédaction des clauses désastreuses du traité de Francfort, quand les troupes de Guillaume occupaient encore la moitié de la France et devaient garder l’Alsace et la Lorraine, quel cynisme ! Avoir une si belle armée française et ne s’en servir que contre des Français ! C’est à pleurer, quand on relit cette page abominable de notre histoire, malgré les quarante années écoulées et les événements survenus.