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La place d’un médecin n’est pas à l’avant-garde, et l’on n’envoie pas un parlementaire à l’ennemi sans le faire accompagner selon les formes et consignes militaires. Il y eut donc témérité de la part du chirurgien, et impulsif mouvement de résistance de la part des gardes nationaux se jugeant menacés, et croyant tirer sur un chef de gendarmes. Ainsi est expliqué et réduit à ses justes proportions ce premier épisode de la guerre civile, dont on a exagéré la gravité, dont M. Thiers et les feuilles réactionnaires faussèrent les circonstances.

Cet incident tragique est de minime importance par rapport aux combats, aux massacres, dont la mort de ce chirurgien fut le sanglant prélude. Il convenait cependant de le signaler, à raison de l’inexactitude du récit versaillais, et de l’impression irritante que ce regrettable début des hostilités produisit sur les soldats, à qui l’on dit : « Les fédérés assassinent les parlementaires ! ils tirent sur les médecins ! » L’exaspération de la colonne fut ainsi surexcitée. Les soldats, la barricade prise, procédèrent, avec les encouragements de leurs chefs, à des exécutions sommaires de prisonniers et de blessés, sous le prétexte de venger la mort du chirurgien Pasquier.

LE PREMIER COMBAT

Deux coups de canon avaient donné le signal de l’attaque versaillaise. L’infanterie de marine s’était dirigée sur Puteaux, pendant que le 74e de ligne attaquait la barricade du rond-point. Le 113e tournait par la gauche vers la Seine. Une batterie de trois pièces était placée à mi-chemin, entre le rond-point de Courbevoie et le rond-point des Bergères, à la hauteur de la voie ferrée, ligne de Saint-Germain, qui passe sous la route No 13. Le tir, mal dirigé, ne débusqua point les défenseurs de la barricade.