Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

poursuivis, les remparts s’étant garnis rapidement de défenseurs. Les versaillais se retirèrent au delà du rond-point, puis reçurent l’ordre de rejoindre leurs cantonnements. La route de Saint-Germain était devenue libre. Le général Bergeret parcourut toute l’avenue de Neuilly, et s’avança jusqu’au pont, en voiture, l’état de sa santé ne lui permettant pas de monter à cheval. Une dépêche, dont la naïveté était due à l’improvisation, fut alors envoyée par le colonel d’état-major Henry. C’est celle à laquelle nous avons fait allusion à propos de la mort du chirurgien-major Pasquier, pris pour un chef de gendarmes. En voici le texte complet :

Place à Exécutive.

Bergeret lui-même est à Neuilly. D’après rapport, le feu de l’ennemi a cessé. Esprit des troupes excellent. Lignards arrivaient tous et déclaraient que, sauf officiers supérieurs, personne ne veut se battre. Colonel de gendarmerie qui attaquait, tué.

Le colonel chef d’état-major.
Henry,

La formule « Bergeret lui-même » est demeurée légendaire. Il faut reconnaître que Bergeret, qui en a porté la responsabilité et subi la moquerie, n’en était pas vraisemblablement l’auteur, que c’est le chef d’état-major Henry qui a commis la gaffe. Sauf l’annonce de la cessation du feu, cette dépêche ne contenait que des inexactitudes. C’était un chirurgien, et non un colonel de gendarmerie qui avait été tué, quant aux lignards qui se rendaient à la Commune et quant à l’allégation que l’armée versaillaise ne voulait pas se battre, c’étaient là de ces assertions fantaisistes comme il devait s’en produire, et des deux côtés, tant que dura la lutte.

Ce qui est plus exact, c’est l’exécution sommaire des gardes nationaux qui furent faits prisonniers dans Cour-