Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/187

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la qualité de belligérants, c’est-à-dire de combattants qu’il est interdit de fusiller quand ils se rendent.

Rien de ce qui, dans le protocole des chancelleries et des états-majors, est considéré comme constituant une armée et donne le caractère de « belligérants », ne faisait défaut aux troupes mises en ligne par le gouvernement de la Commune. L’armée fédérée comprenait, comme celle de Versailles, des officiers hiérarchisés, des fanions, des drapeaux ; elle était, comme tous les corps de troupes, fractionnée en escouades, compagnies, escadrons, batteries, bataillons, régiments, brigades et divisions ; elle comprenait infanterie, cavalerie, artillerie, était pourvue des services auxiliaires, pontonniers, télégraphistes, ambulances. Elle avait une intendance, des services administratifs, une comptabilité, un contrôle. Les officiers portaient les galons réglementaires, les soldats avaient tous un uniforme et la solde leur était versée régulièrement, comme leur était faite la distribution de vivres. Ces forces organisées, disciplinées, pouvaient-elles être assimilées à des insurgés, combattants hasardeux, rencontrés sur la barricade, et que les troupes dites régulières s’arrogent le droit de fusiller sur place, sans examen ni interrogatoires, dans la confusion féroce de la guerre des rues ?

L’organisation et la formation de cette armée parisienne n’étaient même pas dues à l’insurrection, elles étaient l’œuvre de la Défense nationale, et même remontaient à l’approche des prussiens. C’est en vertu de décrets impériaux qu’elle avait été constituée. Les officiers et soldats, tombant après le combat, entre les mains de l’armée de Versailles, devaient être traités comme l’avaient été les vaincus de Metz ou de Sedan que le sort de la guerre avait remis aux prussiens vainqueurs. Il y avait à l’Assemblée nationale des hommes éloquents qui avaient déjà protesté contre les