Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/189

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les grosses pièces eussent donné l’alarme, n’avait pas tiré, contrairement à ce que rapportèrent les journaux le lendemain. L’histoire doit accueillir avec prudence et vérification les récits immédiats. La seule artillerie versaillaise qui avait donné se composait de trois pièces volantes sur la route de Saint-Germain, un instant enveloppées, puis abandonnées, sur le point d’être prises et emmenées, enfin dégagées par le mouvement tournant du 113e de ligne. Elles furent alors transportées au rond-point de Courbevoie (la Défense). De là, ces pièces de campagne peu bruyantes, enfilant l’avenue jusqu’au delà du pont, avaient bombardé des maisons de Neuilly, et leurs obus atteignirent la Porte Maillot, mais sans donner l’alarme dans le centre. Tous les environs de cette porte, les Ternes, Passy, furent seuls bientôt informés que la collision, menaçante depuis quelques jours avait eu lieu. La nouvelle se répandit alors dans Paris, et une foule rapidement accrue se porta aux Champs-Élysées.

Des patrouilles furent commandées pour maintenir l’ordre. Des officiers d’état major et des estafettes passaient au grand trot dans les deux sens. On vit rouler, à fond de train, six pièces de sept. Elles allaient, disait-on, renforcer les défenses de la Porte Maillot. La gare de ceinture avait été transformée en ambulance, des matelas requis dans le voisinage furent installés dans les salles d’attente. La pancarte « Ambulance » fut apposée à l’entrée, avec un factionnaire gardant le seuil. Un chirurgien-major prit la direction du service. Des omnibus, des brancards furent envoyés vers le pont de Neuilly pour ramener les blessés. Des bataillons rentraient par les Champs-Élysées. On interrogeait avec fièvre les sergents, les gardes marchant à l’extrémité des files. Ils ne pouvaient donner que de vagues renseignements entrecoupés, le bataillon pressant sa marche. Place