Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/209

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des faits accomplis, estimer qu’il avait raison. Nous savons que ses prévisions pessimistes devaient se trouver réalisées, mais on peut estimer qu’il a certainement facilité cette triste réalisation. Il céda trop facilement à un découragement, qui fut bien prompt, bien prématuré. Il ne chercha point à réagir, et ne fit rien pour retarder l’heure de cette défaite, qu’il annonçait en la déclarant inévitable. Il eut en mains les moyens de prolonger la résistance ; son devoir était d’affirmer, même si elle lui apparaissait peu chanceuse, la possibilité d’une victoire, ou tout au moins d’une reddition honorable, les armes à la main, en tenant en échec les assaillants, en épargnant à Paris les horreurs d’une prise de vive force.

Il avait été élu, aux élections complémentaires d’avril, membre de la Commune, dans deux arrondissements, le Ier, où il obtint 1.968 voix, le XVIIIe, où il en eut 8,480. Sa vanité avait été satisfaite par la double élection. Il ne parut que dans de rares circonstances à l’Hôtel-de-Ville. Il affectait un grand dédain pour la Commune. Selon lui, sauf quelques exceptions concernant les membres appartenant à l’Internationale, ses collègues étaient tous des incapables ou des sots. « Il faut, a-t-il dit dans un journal anglais, The Fraser’s Magazine de décembre 1872, cité par Lissagaray (Appendice, p. 507), que le principe de la Commune soit en lui-même bien fort pour avoir tenu soixante jours contre de pareils imbéciles. » Dans le même libelle, parlant de son arrestation, il déclare modestement « qu’il aurait pu faire appel au peuple, et le convaincre de l’incapacité et de l’imbécillité des chefs de la Commune, et qu’il lui eût été facile d’écraser d’un seul coup tous ses adversaires » mais alors, ajoute-t-il avec suffisance : « il eût fallu accepter la dictature, ce qui ne me convenait pas ». Cependant, ce général, trouvant les raisins du pouvoir