Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/23

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eu le temps d’être trompée, intimidée et captée par M. Thiers et ses agents, vint pousser à la roue et faire escorte. En durant, en poursuivant la route, on permettait l’arrivée de ce secours ; il serait probablement venu à l’attelage embourbé. Pour obtenir cette prolongation de la lutte, qui était pour la Commune la seule chance de prolonger son existence et d’être secourue, il ne fallait pas une assemblée parlante, mais un conseil de guerre permanent. La tribune était alors non seulement superflue, mais dangereuse. Tout ne fut pas assurément oiseux, inutile ou incohérent, dans les délibérations politiques ou sociales de l’Hôtel-de-Ville, mais c’était là une action parallèle nuisible. La Convention avait pu mener de front les délibérations parlementaires, le vote des lois civiles, les mesures réformatrices, avec la conduite des armées au feu. Cette grande assemblée, le même jour, écoutait l’exposé des motifs d’un titre nouveau du Code civil et le rapport d’une victoire sur le Rhin. La situation en 1871 n’avait aucune analogie. Si la Convention eût été bloquée entre les Allemands et les Vendéens, anxieuse d’une surprise pour le lendemain, incertaine de siéger encore la semaine suivante, elle eût ajourné sagement les intéressantes propositions de Treilhard ou de Cambacérès, et n’aurait laissé la parole qu’à Hoche ou à Kléber. L’élection et les délibérations d’un gouvernement parlementaire furent une aberration, une funeste et même coupable résolution. La première semaine de la Commune fut ainsi en proie à l’erreur et aux illusions.

LE COMITÉ CENTRAL SE MAINTIENT

Le Comité Central, à qui est imputable l’initiative de la réunion d’une assemblée parlante remplaçant un pouvoir