Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/252

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que et même du public profane. Il publia successivement une brochure politique et un roman philosophique, Ottifriea, où il exposait ses idées sociales. Le jour même de sa mort, on mettait en vente son livre sur le siège, Paris livré, éloquent réquisitoire contre les incapables de la Défense nationale. Quand son père, qui avait été chargé de mission, revint en France, le ministre de l’instruction publique d’alors, Victor Duruy, que les théories déterministes du jeune professeur inquiétaient, invita l’académicien à reprendre sa chaire. Gustave Flourens éprouva une certaine irritation en se voyant privé, par esprit de réaction, de ce cours qui l’intéressait, où il savait enseigner de hardies mais intéressantes doctrines scientifiques exposées dans un esprit philosophique nouveau.

Plus d’un homme d’action, destiné aux actes audacieux, eut sa destinée, paraissant d’abord devoir être paisible, ainsi changée par un accident hasardeux. La carrière scientifique et la vie d’homme d’études du futur chef d’insurgés semblaient toutes tracées. Si Flourens eut poursuivi ses travaux et gardé sa place dans l’enseignement, un fauteuil était pour lui marqué à l’Institut : la France eût ainsi compté un savant officiel de plus, un académicien laborieux, soumis à l’ordre établi, et poursuivant, dans le calme du laboratoire, une carrière vraisemblablement longue et honorée. La mesure administrative injuste changea sa vie. Privé de son cours, et épris de l’indépendance pour lui, pour les autres animé d’idées émancipatrices que stimulait un sentiment d’altruisme international, poussé de plus par le goût instinctif des aventures, qui, longtemps contenu et comme sommeillant, s’éveillait en lui, et ne devait plus de quitter, il ferma résolument ses livres, quitta son cabinet de travail, ouvrit la fenêtre, aspira l’air extérieur, et, l’âme dilatée, regarda du côté de l’Orient. Des